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La place de la Conscience dans le processus de guérison

Gérard Vigneron, in Synodies 16 « La Conscience dans tous ses états »

 

Le terme de guérison n’a pas la même signification pour chacun d’entre nous. Pour certains elle signifiera la disparition d’un symptôme ou d’une maladie, aussi grave soit-elle. Pour d’autres, la guérison consistera à trouver un équilibre non seulement physique mais aussi émotionnel. Pour d’autres enfin, la guérison sera synonyme d’un changement radical dans leur façon d’être, dans leur rapport avec les autres, avec le monde.

Dans l’épilogue de mon dernier livre (1), je révèle au lecteur comment, le lendemain de la remise du manuscrit à mon éditeur, je découvrais que j’étais porteur d’un lymphome. Du statut de médecin, je passais à celui de malade. Il est assez banal pour un médecin de s’interroger sur la notion de guérison, mais le fait d’être, à mon tour, touché par le cancer m’a contraint à expérimenter par moi-même le rôle de patient dans le processus de guérison. Ce processus est fort mystérieux et il n’y a pas de recettes miracles pour le stimuler. De plus le terme de guérison n’a pas la même signification pour chacun d’entre nous. Pour certains elle signifiera la disparition d’un symptôme ou d’une maladie aussi grave soit-elle. Pour d’autres, la guérison consistera à trouver un équilibre non seulement physique mais aussi émotionnel. Pour d’autres enfin, la guérison sera synonyme d’un changement radical dans leur façon d’être, dans leur rapport avec les autres, avec le monde. Cela se traduira pour eux par la découverte d’une dimension insoupçonnée jusque-là. Une expérience que certains définissent comme étant une expérience holotropique c’est-à-dire une expérience qui amène à une sensation d’unité.

Chacun doit donc trouver comment se mettre en chemin vers la guérison, comment résoudre cette énigme. Ce n’est pas une mince affaire et le résultat n’est jamais garanti car la guérison nécessite le plus souvent de faire appel à plusieurs approches thérapeutiques pour créer un environnement soignant efficace. Celui-ci peut comprendre en plus du traitement allopathique, l’apport de l’homéopathie, ou de l’acupuncture, ou d’autres médecines comme la médecine ayurvédique, mais aussi une aide psychothérapeutique ou encore une prise en charge nutritionnelle… Il sera, le plus souvent, différent pour chacun d’entre nous, mais quel que soit l’environnement soignant que l’on crée autour de soi, je reste persuadé que ceux qui arrivent à bon port et qui se guérissent d’une maladie grave partagent un trait commun : ils savent se positionner face à la maladie mais aussi face au corps médical de telle façon qu’ils parviennent à mobiliser leur guérisseur intérieur.

Mais que signifie ce terme ? Que représente-il ? Que recouvre-t-il ? Il n’a rien de scientifique, fait peut-être un peu New-Age et pourtant il revêt pour moi une grande importance. C’est une forme d’intelligence qui à chaque instant organise des milliards de fonctions à l’intérieur des cellules. C’est un processus dynamique, immatériel, fort mystérieux qui est pour moi le véritable chef d’orchestre de la guérison, et a la capacité d’amplifier ou au contraire d’annihiler les effets de l’environnement soignant que chacun met en place

Mais comment mobiliser son guérisseur intérieur ?

Nous ne possédons aucune ordonnance miracle, ni recette, ni pilule mais nous ne sommes pas pour autant une « machine biologique impuissante (2) ». Nous détenons une part de responsabilité importante dans le processus de guérison. Deux concepts développés par la science, la neuroplasticité et l’épigénétique, viennent conforter cette conviction.

La neuroplasticité

Le concept de neuroplasticité rend compte de cette extraordinaire possibilité qui nous est offerte de moduler non seulement l’activité de notre cerveau, mais aussi sa structure. Notre cerveau n’est pas une boîte noire dont le fonctionnement serait totalement indépendant de nos expériences intérieures et ne pourrait pas être modifié. Au contraire, nos états d’esprit, nos pensées, nos émotions, tout ce qui définit notre état d’être, occupe une place centrale. Notre cerveau est « plastique ». Toute expérience peut moduler, modifier son fonctionnement. Autant choisir des expériences qui nous soient profitables.

L’épigénétique

C’est la deuxième voie qui explique comment nous pouvons modifier les facteurs qui ont favorisé une maladie. Il y a quelques années, on pensait qu’il était impossible d’avoir une action sur l’expression de notre capital génétique, considéré comme immuable. Le gène était « devenu un super-gène, une entité presque surnaturelle… Les êtres humains étaient vus comme les produits d’un script moléculaire (3) … » C’était le temps du « tout génétique ». Il n’est pas encore révolu mais des fissures de plus en plus importantes apparaissent dans cette pensée monolithique qui commence sérieusement à vaciller. Une autre approche a vu le jour, c’est celle de l’épigénétique. Elle étudie les effets de l’environnement physique mais aussi émotionnel qui se traduisent par des modifications chimiques au niveau de l’ADN et agissent donc sur l’expression de l’information génétique.

L’épigénétique nous donne donc des outils pour comprendre comment nous pouvons créer un environnement favorable à notre santé car l’expression de nos gènes n’est pas immuable mais varie constamment en fonction de l’environnement extérieur mais aussi de notre monde intérieur. Le scientifique Joël de Rosnay définit cinq éléments qui ont une action capitale sur la modulation de l’expression de nos gènes :
– la nourriture ;
– l’exercice physique ;
– la façon dont on contrôle le stress ;
– le plaisir que l’on a dans la vie ;
– les réseaux sociaux ou familiaux que l’on arrive ou pas à créer.

Nous ne sommes donc pas déterminés par nos gènes, c’est même le contraire qui serait vrai. Exception faite des personnes qui souffrent d’une maladie génétique (mais elles ne représentent pas plus de 5% des êtres humains), nos pensées, nos intentions, nos croyances, nos émotions ont une action plus déterminante que nos gênes. De nombreuses études scientifiques montrent que notre façon d’être module l’expression des gènes et peut créer ou non un environnement favorable pour optimiser notre état de santé.

Les outils qui peuvent nous aider à mobiliser notre guérisseur intérieur

En nous appuyant sur la compréhension de ces concepts, nous pouvons donc utiliser des outils thérapeutiques qui facilitent le réveil du guérisseur intérieur. Parmi eux, certains peuvent paraître simplistes à certains, comme, par exemple, le pouvoir de se convaincre, c’est à dire l’autosuggestion ou encore le fait de cultiver des pensées qui nous font du bien. Arrêtons-nous quelques instants sur cette hypothèse. En fait, il ne suffit pas de se contenter d’avoir des « pensées » positives qui disparaîtraient de notre esprit aussi soudainement qu’elles sont apparues, mais de les transformer en « expériences » positives, ce qui est tout à fait différent. Répéter les mêmes pensées, les mêmes schémas de fonctionnement, les mêmes croyances, les mêmes expériences dans lesquelles nous nous imprégnons toujours du même état émotionnel responsable d’un sentiment de souffrance ou de mal-être, stimule et entretient sans cesse les mêmes connexions neuronales, les mêmes circuits neuronaux qui vont peu à peu se transformer en de véritables autoroutes. Mais nous pouvons CHOISIR nos expériences.

Se focaliser sur les expériences qui nous sont profitables, s’imprégner des sensations qu’elles nous procurent pendant un temps suffisamment long provoque un sentiment de bien-être qui réorganise les connexions neuronales et en crée de nouvelles.

Nous pouvons aussi faire appel à l’hypnose, à la sophrologie, à la méditation, aux thérapies cognitivocomportementales qui, elles aussi, modifient le fonctionnement cérébral et modulent l’expression de nos gènes, transformant ainsi l’information qui avait favorisé la maladie. Il y a donc de multiples façons de stimuler notre guérisseur intérieur. J’utilise à nouveau ce terme car il représente pour moi une excellente métaphore pour approcher la notion de conscience. Car comment définir cette dernière si ce n’est de façon détournée ?

Définition de la conscience

La notion de conscience est difficile à définir car « elle est le résultat d’une expérience directe et nous ne pouvons la percevoir que de façon subjective à travers nos émotions, nos pensées (4)». Une boutade que l’on attribue à William James, le fondateur de la psychologie américaine dépeint bien cette difficulté. Confronté à cette interrogation, il répondit : « On sait ce qu’est la conscience tant qu’on ne nous demande pas de la définir. »

Dans cette interrogation sur la conscience, nous pouvons nous pencher sur ce que nous apprennent les neurosciences. Mais la réponse n’est pas satisfaisante car pour les neuroscientifiques, la conscience est le fruit de processus neuronaux. Cela « signifie que toutes nos expériences conscientes ne seraient que l’expression d’une machine actionnée par la physique et la chimie (5) ». Mais alors comment expliquer des « faits » vécus par des milliers de personnes comme par exemple les EMI ?

Dans le cas des EMI, nous sommes confrontés à une situation où il n’y a plus d’activité cérébrale décelable, alors que le patient vit une expérience d’élargissement de conscience. L’activité du cerveau ne peut donc pas expliquer la conscience. Conscience et cerveau sont interdépendants mais cela ne signifie d’aucune façon que les pensées ou les émotions sont réductibles à des processus neuronaux. Le cerveau facilite l’expérience subjective de la conscience puisque certaines zones cérébrales jouent un rôle dans l’élaboration des pensées, des sensations ou des souvenirs, mais il ne la produit pas. Il n’y a pas de preuve de relation de cause à effet mais seulement l’existence d’une corrélation entre l’activité de certaines zones du cerveau et la conscience.

Il serait plus juste de considérer la conscience sous deux formes complémentaires.

Une forme de conscience que l’on perçoit comme étant individuelle qui nous permet d’appréhender le monde dans lequel nous vivons, un monde qui est défini par l’espace et le temps. Une conscience illimitée, non locale car elle n’est pas contrainte par l’espace et le temps, à laquelle nous pouvons accéder dans certaines conditions mais aussi spontanément pour certains. Cette conscience est bien sûr celle qui est fondamentale. Et pour Olivier Chambon, notre conscience individuelle ne serait « qu’une sorte de point de condensation momentané de celle-ci(6) ». Cette articulation entre conscience individuelle et conscience non locale est une hypothèse mise en avant par certains auteurs comme Mario Beauregard, Pim Van Lommel, Jean Jacques Charbonnier ou encore Olivier Chambon. Ils reprennent une idée qui était déjà défendue dans les années 80 par le prix Nobel de médecine John C. Eccles qui écrivait : « Le cerveau est le messager de la conscience ». Cela signifie que le cerveau est un organisme complexe qui reçoit, enregistre, localise et module la conscience mais ne la produit pas. On pourrait dire qu’il la localise, la module pour qu’elle puisse être appréhendée dans l’espace et le temps. Pour cela, le cerveau, comme le précisaient William James, Frédéric Myers ou Henri Bergson au début du XXe siècle, remplit le rôle d’un filtre réducteur de conscience. Il réduit cette conscience illimitée pour qu’elle puisse rentrer dans le moule de notre dimension régie par le temps et l’espace. Cette adaptation a certainement été une nécessité pour la survie de l’espèce humaine, car les informations contenues dans cette conscience non locale sont incalculables. Si bien qu’en l’absence de ce rôle de « vanne réductrice » (terme employé par Aldous Huxley) rempli par le cerveau, elles nous submergeraient et nous perdrions toute adaptation à notre réalité quotidienne.

Cette approche de la conscience a bien sûr des conséquences sur la perception que nous avons de la réalité, mais elle a aussi une incidence sur la compréhension de ce que peut être la guérison.

Expériences transpersonnelles

La véritable guérison ne résulte pas uniquement de la disparition d’un symptôme ou d’une maladie, ni d’un réarrangement neuronal. C’est une approche encore trop réductrice. Elle nécessite une transformation plus profonde.

Certaines séances d’hypnose ou de méditation, mais aussi d’autres expériences comme celles vécues dans des rituels chamaniques, nous offrent la possibilité d’aller beaucoup plus loin dans le processus de guérison en nous permettant de nous plonger dans cette conscience non locale.

Quand je me rends en Inde, en Amazonie, ou en Mongolie, quel est l’objectif des médecins ayurvédiques, des curanderos, des chamans dans le processus de guérison ? Ils ont pour objectif de m’aider à « revenir à la maison », à me replacer dans une Totalité. Comment ? Soit par la transe en Amazonie ou en Mongolie, soit par la méditation et le yoga nidra en Inde. Lorsque nous retrouvons cette Totalité, nous sommes « unifiés avec nous-mêmes » et nous ne faisons plus qu’UN avec elle. Nous vivons alors une expérience dans laquelle notre conscience s’unifie, se fond, avec une conscience illimitée, expérience que l’on peut qualifier d’expérience holotropique, ou expérience transpersonnelle qui est facteur de guérison. Déjà au XIXe siècle, William James écrivait : « Lorsque nous communiquons avec ce monde intangible, notre personnalité s’en trouve transformée, et nous devenons des êtres nouveaux ».

L’expérience d’une conscience non locale est source d’auto-guérison, car elle permet d’aller au cœur de soi-même et en même temps de découvrir ce qui est au-delà de soi-même. Elle amène la conscience individuelle à se fondre dans quelque chose qui la dépasse, un vaste champ de conscience qui imprègne toute vie. En son sein, tout est cohérent et donc porteur de cohérence. Il suffit pour cela de s’y plonger. Je pourrais utiliser une métaphore, celle de la vague et de l’océan. Le plus souvent nous vivons sous la forme d’une vague individuelle un peu agitée à la surface de l’océan, et nous n’avons même plus conscience que la vague fait bien partie de l’océan. De la même façon, notre conscience individuelle, n’est pas isolée dans notre cerveau. Elle se prolonge dans la conscience illimitée. Retrouver cette reliance avec le champ de conscience illimitée est une expérience guérissante.

Ce type d’expériences nous amène à considérer la conscience comme un champ immatériel d’information qui nous imprègne mais aussi nous contient, nous entoure et s’étend au-delà des frontières de l’espace et du temps. Le plus souvent, dans notre vie quotidienne, ce champ se réduit comme peau de chagrin, mais il existe des expériences qui nous permettent de découvrir son aspect infini. Pour terminer je voudrais vous livrer cette citation d’Hurtak et de Russel Targ relevée dans leur livre La fin de la souffrance.

« Ce que nous sommes ne peut être limité à un corps physique. Nous sommes plutôt une conscience non locale résidant temporairement dans un corps physique. Le corps est juste une sorte d’adresse temporaire… Le véritable but de notre vie est de devenir UN avec la vaste conscience universelle… et d’aider les autres à partager cette profonde expérience universelle. Vivre cette grandeur c’est expérimenter la splendeur des soleils et des étoiles à l’intérieur de nos consciences. » N’est-ce pas là la véritable guérison ? 

  1. Gérard Vigneron, Se guérir, un médecin à l’écoute des pouvoirs de la conscience, Relié (2015).
  2. Expression employée par Beauregard dans son livre Du cerveau à Dieu.
  3. Dorothy Nelkin, The DNA mystique, Freeman (1995).
  4. Pim Van Lommel, Mort ou pas, InterEditions.
  5. ibid.
  6. Olivier Chambon, Expériences extraordinaires autour de la mort, Trédaniel (2012)

 

Gérard Vigneron est médecin, installé comme homéopathe depuis 1979, pratiquant l’hypnose depuis 1999, auteur de trois livres qui tous traitent des capacités de la conscience et plus particulièrement de la place de la conscience dans le processus de guérison. Transes – Médecines de l’âme, écrit avec son épouse Françoise Marie (Souffle d’Or), Un médecin face à l’Invisible (Relié), et Se guérir – Un médecin à l’écoute des pouvoirs de la conscience (Relié).
g.vigneron@free.fr

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